Pique-nique artistique

Nous nous donnons rendez-vous afin de clore la saison de La Marmite. Nous profitons du fait que les danseur·euses du Marchepied organisent une performance de rue à Vevey pour leur dernière présentation au Théâtre de l’Oriental et avant de prendre leur envol. Une dernière rencontre avec les danseurs nous semble importante, tant les liens tissés sont appréciés par les uns et les autres.

Les participant·es sont invité·es à venir de manière autonome jusqu’à Vevey, afin de voir la performance et partager ensuite un pique-nique offert par La Marmite en ce mois de juin chargé mais avec de longues et douces soirées. 5 inscrits, 4 peuvent finalement venir : Florence, Arlette, Maria et Nathalie, en plus des deux médiatrices Laura et Emilie. La compagnie se joindra à nous plus tard, pour partager un moment paisible au bord du lac.

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Arrivée autonome des participantes à la gare de Vevey

Nous nous retrouvons à la gare après un contact téléphonique et l’envoi de billets à distance, mais le temps semble court pour rejoindre à l’heure le quai d’Entre Deux-Villes. Nous décidons de prendre le bus et nous visitons Vevey en comparant la vue avec Lausanne, commentant la forme du lac, le nom de cette montagne, l’hôtel chic qui fait envie (« Je viens presque tous les jours ici… pour nettoyer les toilettes ! »), les souvenirs des unes et des autres. Arrivées sur place juste en avance, personne, et un appel de Laura : la performance n’était pas au quai Roussy à 18h30, mais devant la Fourchette ! Nous pressons le pas (celles qui peuvent) afin de refaire le trajet dans l’autre sens, heureusement Maria connait très bien la région et la majorité arrive juste au début de la représentation.

Les danseurs en costumes de cigales dorées

Tout de suite, nous en prenons plein la vue : 4 danseurs voltigent, traversent, pénètrent l’espace, sautent, puis grimpent, chantent, dessinent au sol, courent… C’est d’ailleurs sur une partition d’actions verbales que la séquence de cette performance est construite, quel que soit le lieu où elle se joue. Le public, composé de badauds, ou de musiciens de l’harmonie municipale qui doivent jouer au même endroit juste après, ou de jeunes de l’école de théâtre, ou de touristes, semble s’amuser avec cette dynamique vertigineuse. Sur une reprise de tubes musicaux dont Kiss de Prince et d’autres rythmes disco, les danseur·euses prennent à parti Florence, puis Laura pour danser parmi eux.

Nicholas attentif et Nathalie aux anges, Arlette au premier rang. 

Énergique, surprenante, déjantée, leur danse attire regards et sourires. La danseuse Héloïse, souffrant d’un intense torticolis, les filme sans pouvoir partager leurs mouvements. Domenico, dans son élément théâtral, donne de la voix, debout sur une chaise. Arlette les qualifie de « guignols », ce que Nicholas relève. Nathalie a un sourire aux anges, Maria, Florence, Laura et Émilie dansent avec le public qui se trémousse. L’envie de se laisser emporter par le rythme semble contagieuse, difficile de l’ignorer.

Les danseurs prennent le bord du lac d’assaut, on y retrouve les portés qu’on avait expérimentées au Studio 2

Après les applaudissements, nous retrouvons les danseur·euses suant dans leurs costumes synthétiques, dont nous apprenons qu’ils font partie du patrimoine de la compagnie depuis un spectacle avec des « cigales dorées ». Nous décidons d’aller partager des pizzas sur l’herbe au jardin Roussy, la soirée est douce. Un groupe part à pied, un autre prend le bus.

Nathalie pratique son très bon anglais et Arlette parle avec les mains avec un touriste indien à l’arrêt de bus

Une grande couverture, des boissons fraîches et d'excellentes pizzas offertes par La Marmite. Les échanges fussent, s’entrecroisent, sur un thème, sur une personne et les sujets sont éclectiques, comme le groupe. On parle de...

  • les humoristes de Youtube.
  • le spectacle jeune public créé il y a des années par la compagnie au Petit Théâtre de Lausanne, d’où la reprise des costumes dorés.
  • les maux du corps (torticolis, opération du genou prévue en fin de mois parce que « si tu as pas l’assurance privée tu es relégué tout au fond du mois »).
  • le travail de La Marmite sur les parcours et la visite de Thierry Paquot sur le thème de l’utopie, ou comment la rencontre avec des participants réfugiés fait bouger les intellectuels au langage parfois inaccessible.
  • une chaîne sur les utopies, Datagueul, avec 6 documentaires produits par France Télévision sur des communautés qui essaient de proposer un autre mode de vie et de gouvernance.
  • la nostalgie des gens du Sud qui « vont vers l’avenir en gardant le goût du passé ».
  • les auditions et projets d’une danseuse qui va travailler entre sa région de Vérone et la compagnie de la chorégraphe Caroline Hominal en Suisse.
  • les chiens : chiens sans poils, chiens détectives comme Rutsy, les Yorkshire pour se chauffer les pieds (« si on chausse du 37, sinon il en faut 2 »).
  • le tri des déchets qui désécurise les étrangers en Suisse (« un jour dans le village du Tessin où est l’école de Dimitri, j’ai jeté du verre un dimanche et un voisin m’a engueulé »).
  • le racisme relatif : quand je suis arrivée à Vevey à l’âge de 5 ans, en 1950, depuis le Valais, la maitresse me disait « tu parles avec quoi comme accent, on comprend pas ce que tu dis, regarde tu es toute noire ». 

Pique-nique partagé avec les artistes au soleil couchant

Nous retournons à la gare de Vevey, qui en bus, qui à pied, et nous terminons en beauté cette magnifique soirée, malgré l’erreur de lieu qui a un peu chamboulé le début de la soirée. Mais c’est à ce moment-là qu’on réalise que toutes les autres fois l’organisation est si bonne qu’elle ne se voit pas, et comme dit une participante, ce n’est rien, car si tout est carré, calculé et prévu, alors quand va pouvoir surgir « l’inespéré » ?

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